Une partie de la crypte la plus vaste d’Europe cachée au sous-sol de la Cathédrale de la Treille accueillera d’ici quelques mois le grand public. Cela fait depuis plus de 25 ans que celle-ci n’a pas accueilli de visiteurs pour des questions de sécurité. Ce trésor intimement lié à l’histoire de la ville de Lille depuis son origine, subit depuis plusieurs années déjà un léger relooking pour être prêt à enfin révéler ses secrets.
La crypte de la cathédrale de la Treille, au coeur de Lille
Lille fut créée sur une motte féodale, et c’est sur cette motte que la Cathédrale de la Treille a été érigée. Cette cathédrale, c’est un peu le cœur des fondations de Lille du coup. Alors, qu’on se le dise, cette crypte qui fait l’objet de l’article du jour n’était à l’origine tout simplement pas prévue sur les plans des bâtisseurs de la cathédrale. En fait, c’est en débutant les travaux que les bâtisseurs se sont rendus compte de la nécessité de construire une crypte. Effectivement, cette motte de terre (qui deviendra Lille donc, oui on part de loin) était encerclée de canaux. Mais qui dit canaux, dit marécages ou encore humidité. Bref, pas top pour construire une cathédrale. Il a donc fallu creuser plus profondément pour construire une crypte qui permettrait de soutenir, stabiliser et assainir le lieu.
La crypte a donc vu le jour par “accident”, initialement pour des raisons utilitaires mais finalement, elle devient bien plus que ça et aspire à remplir comme il se doit sa fonction de crypte.
Des figures importantes de l’histoire de la cathédrale
La crypte avait pour objet d’accueillir les tombeaux de saints, de martyrs, de comtes des Flandres et de personnages importants. Bon, le petit souci ici, c’est qu’on avait pas grand chose en termes de tombeaux. Les corps des personnes ayant leur place dans la crypte n’ont malheureusement pas été retrouvés. Et oui, la révolution est passée par là et la conséquence de cette période, c’est des corps profanés et des tombeaux cassés…
Mais la crypte accueille tout de même septs corps en son sein, je te dresse rapidement le profil de ces privilégiés.
Tout d’abord, il y a les tombeaux de 4 évêques.
On a aussi le tombeau de Monseigneur Vandame qui était le chapelain de la cathédrale au moment de sa construction. Il a joué un rôle important puisque c’est lui qui a revu le décor iconographique du rez-de-chaussée de la cathédrale.
Enfin, on retrouve les tombeaux de deux laïcs (ce qui est plutôt rare) : Philibert Vrau et son beau-frère Camille Féron-Vrau. Ce sont deux industriels ayant beaucoup œuvré pour la construction de la cathédrale mais aussi pour l’université Catholique de Lille. Très appréciés par les habitants, leurs corps ont alors été transférés dans la crypte. Un procès de béatification a d’ailleurs été ouvert au Vatican pour les faire bienheureux puis les canoniser afin de les faire saint. Petite anecdote en passant par là : l’arrêt de métro Saint-Philibert et l’hôpital Saint-Philibert tiennent leur nom de ce Philibert Vrau qui avait à l’époque ouvert un dispensaire aujourd’hui devenu l’hôpital de Lille.
La richesse de la crypte néo-gothique
Dans la crypte, on retrouve aussi une pierre tombale du XVIIème siècle. C’est l’objet le plus ancien de la cathédrale. Cette pierre tombale est celle de Jean Levasseur (maire de Lille au XVIIème siècle) et elle a toute son importance dans ces lieux car il va offrir les clés de la ville (à l’époque encore ceinte de remparts) aux pieds de la statue Notre-Dame de la Treille : patronne de la ville.
Lors de ta visite, tu croiseras aussi pas mal de cénotaphes (plaques mémorielles) en l’honneur des grandes familles ayant donné une somme d’argent importante pour la construction de la cathédrale.
Des éléments du Trésor vont être exposés tel que des pièces d’orfèvreries du XIXème et du XXème siècle, ce sont des éléments qui n’ont jamais été exposés auparavant. Pour mettre en valeur cette crypte néogothique, un gros travail de scénographie lumineuse, de mise en lumière et valorisation de l’architecture néo-gothique va être fait. Trois mappings immersifs seront aussi mis en place.
Cela fait maintenant 6 ans que le projet de réhabilitation de la crypte a été initié. Et c’est notamment grâce à deux associations : Les Amis de la Cathédrale et la fondation Treille Espérance que l’ouverture au public va être possible. Une ouverture en fin d’année semble envisageable, l’accès se fera uniquement par le biais de visites guidées sur rendez-vous par groupe de 18.
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