Si tu es déjà passé sur la Grand’Place, tu n’as pas pu manquer l’emblématique théâtre de Lille : le Théâtre du Nord. Celui-ci, en plus d’être sur la place la plus fameuse de Lille, a un lourd passé historique. Effectivement, tel un couteau suisse, avant d’être un théâtre, le bâtiment a eu différentes fonctions. Je te fais donc découvrir cet édifice aux 1001 vies.
Des bouchers, des militaires puis des marchands
L’histoire commence il y a 500 ans. Avant de devenir un théâtre, le bâtiment a eu trois autres vies. On commence avec sa première vie en 1550, quand est érigé sur la Grand’ Place un bâtiment qui accueille les « Nouvelles Boucheries ». Cet espace reçoit alors les bouchers et tripiers de la ville. En 1717, deux ans après la mort de Louis XIV, la façade de l’édifice se refait une beauté pour donner vie à la façade que l’on connait aujourd’hui.
La deuxième vie du bâtiment débute alors et celui-ci accueillera désormais la Grand’Garde (définitivement, on ne veut pas accorder l’adjectif « grand » sur cette place) qui servait à abriter la garde royale pour prévenir de révoltes éventuelles. En effet, cette position était devenue stratégique car la ville étant conquise par Louis XIV depuis 1667, de possibles soulèvements contre le Roi étaient alors à craindre.
En 1826, nouveau changement, une troisième vie commence. Derrière le Corps de Garde est aménagé le marché couvert Saint-Nicolas qui sera d’ailleurs pourvu d’étals dès 1863. Ce marché dans lequel se côtoient chapeliers, cordonniers, bouchers et tripiers existera jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale.
Le Théâtre du Nord à ses débuts
Durant l’entre-deux-guerres, le marché couvert Saint-Nicolas se transforme en la salle Roger-Salengro, du nom du maire actuel de la ville. La salle accueille alors divers événements, qu’ils soient sportifs ou politiques. Elle a d’ailleurs été un haut-lieu de contestation durant mai 68.
Ça y est, on y arrive : la naissance de ce fameux théâtre ! C’est en 1986 que Pierre Mauroy (maire de l’époque) lance un grand chantier qui durera trois ans pour donner vie au théâtre. Ce chantier permettra de relier la salle Roger-Salengro aux étages supérieurs de la Grande Garde.
Mais avant d’être le Théâtre du Nord, il est d’abord appelé le Théâtre de la Salamandre jusqu’en 1991 (dirigé par Gildas Bourdet). De 1991 à 1997, sous la direction de Daniel Mesguish, le Théâtre de la Salamandre devient « La Métaphore ». Et enfin, depuis 1998, il a pris le nom de « Théâtre du Nord ».
Le Théâtre du Nord de nos jours
Aujourd’hui, le théâtre abrite une salle pouvant accueillir jusqu’à 440 spectateurs, une seconde salle plus petite de 88 places ainsi qu’une salle de répétition de 200m².
Le théâtre est aussi pourvu d’un atelier de costumes et d’un atelier de fabrication de décors (situé à Neuville-en-Ferrain).
Dans le hall d’entrée, tu trouveras le café « ramdam » où tu peux boire un verre et aussi une petite librairie accessible les soirs de spectacles.
Il faut savoir que le Théâtre du Nord fait partie de la liste sélective des 38 théâtres labellisés « Centre Dramatique National » en France et qu’il est le seul à avoir une école qui lui est rattachée. L’école du Nord, créée en 2003, forme 14 élèves comédiens et 3 élèves auteurs en trois ans. Le Théâtre du Nord compte un second site à Tourcoing: le Théâtre de l’Idéal, construit dans un ancien cinéma.
Une façade rayonnante
Je ne peux pas clôturer cet article sans un petit point architecture. N’oublie pas lorsque tu passeras devant de prendre quelques instants pour contempler cet édifice témoignant d’une architecture française classique. On retrouve alors une façade sobre tant du point de vue des couleurs que de l’agencement. Ce style marque une rupture avec le style flamand flamboyant qui était alors très présent dans la ville.
Son architecture est similaire à celle de la Porte de Paris, construite à la même époque.
Lors de sa construction, le roi de l’époque : Louis XIV ( le Roi Soleil) n’a pu s’empêcher de laisser sa trace sur le bâtiment. En effet, en haut de la façade, tu peux apercevoir son symbole qui n’est autre qu’un soleil, évidemment. Autre particularité de l’édifice : son perron qui servait à dominer la ville. Cette hauteur permettait d’assurer une forme d’autorité. Pour finir, cette façade remarquable est inscrite aux Monuments Historiques.
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