Une petite envie d’évasion et de replonger dans le passé ? J’ai ce qu’il te faut. À une vingtaine de minutes de Lille, non loin de la très belle Villa Cavrois à Croix, le Château de la Fontaine n’attend plus que toi. Non, non, n’y vois aucun lien avec le fameux poète Jean de la Fontaine. Bien que celui-ci soit né dans les Hauts-de-France, il ne nous a pas fait l’honneur de sa présence à Croix au château dont je vais te parler aujourd’hui. Caché dans son écrin de verdure de 3 hectares, je t’emmène à la découverte de ce château peu connu qui a pourtant beaucoup à offrir.
Le château de la Fontaine : 8 siècles, 7 familles et 1 château
Parfois comparé au Palais Rihour de Lille-centre, l’histoire du Château de la Fontaine remonte au XIIIème siècle, à l’époque des comtes de Flandres. Il faisait partie de la Seigneurie de la Fontaine qui appartenait à une famille de chevaliers. La famille Fontaine aurait probablement pris son nom du site. Étant à l’origine une exploitation rurale, le château a été édifié sur une butte médiévale entourée de fossés.
Le château a été construit sur les vestiges du manoir médiéval datant du 14ème et 15ème siècle. Mais, la première trace datée du château actuel date seulement de 1906. Au cours des siècles qui vont suivre, le château va passer de mains en mains, de familles en familles, toutes plus riches les unes que les autres.
C’est la famille Le Toillier qui ouvre le bal dès le XIVème siècle. Elle habitera le manoir pendant un siècle environ. La brique et le toit de tuiles sont alors remplacés par le bois et le chaume. La famille Verdière prend le relais au XV et XVIème siècle. Puis au XVIème et XVIIème siècle, c’est la famille Bette qui prend possession des lieux pour en faire sa maison de plaisance. Effectivement, il y avait déjà un sacré turnover à l’époque. Adrien Bette prend alors ses responsabilités en main et transforme le manoir médiéval en château typique du maniérisme flamand (mouvement artistique).
Au XVIIIème siècle, c’est au tour de la famille de Surmont de venir s’imprégner des lieux pendant 3 générations, de 1680 à 1806. C’est une famille aisée s’étant enrichie par le négoce, autrement dit le business et les affaires. Le château sert alors uniquement de résidence d’été et représente un signe de richesse extérieur.
Cela nous amène en 1827, lorsque la famille Brame acquiert le domaine. Les Brame possédaient aussi, entre autres, un hôtel particulier place du Concert ainsi que le parc du Colysée à Lambersart. Ils occupent les lieux jusqu’à la Première Guerre mondiale durant laquelle le château est en partie détruit. Les allemands en profitent et s’en emparent, utilisant les vestiges comme écurie. (II en a vu passer du beau monde ce château dis donc.) Les dégâts étaient tels qu’ils atteignirent même la valeur de l’édifice lui-même.
Il sera vendu 225 000 francs (oui, ça remonte un peu) en 1920 à l’industriel Benoît Roussel qui l’achète “à la bougie”. Non, il ne l’a pas obtenu en échange d’une bonne centaine de bougies. En fait, une vente à la bougie (ou à la chandelle), c’était à l’époque une sorte de vente aux enchères qui prenait fin uniquement lorsque les deux bougies avaient atteint leur terme, clôturant alors les enchères. Benoît fonça donc tête baissée et acheta le château sans même l’avoir visité. Surprise en arrivant sur place, le toit n’était plus et on pouvait même admirer le ciel de l’intérieur à cause des bombardements qui avaient eu lieu. Notre cher Benoît entama donc des travaux afin de redonner un peu de sa splendeur au château.
Mais, rebelotte pendant la Seconde Guerre mondiale, l’armée allemande occupa une fois de plus le château. Cependant, une bonne nouvelle arriva en 1951, le château est classé à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques.
En 1980, la famille Christiaens reprend le château quelque peu laissé à l’abandon ces dernières années. Il faudra 6 longues années de travaux pour remettre le château de la Fontaine sur pieds. Le propriétaire va même faire fouiller le sol en marbre car celui-ci était convaincu qu’un trésor s’y cachait. Malheureusement pour lui, ce n’était pas le cas.
Le château s’est aussi fait une petite célébrité médiatique quand France 3 est venu y tourner un épisode de la série “Magellan”, il y a 5 ans maintenant.
En 2003, Gérard Mulliez, nouveau propriétaire, réunifie les parcelles du domaine de la Fontaine (château, parc, bois de Warwamme…), un poumon vert en pleine ville, dont il fera don par la suite à l’Institut Fontaine afin d’en préserver le patrimoine et l’environnement. Le lieu est depuis 3 ans ouvert à la location pour les professionnels et au public lors d’événements, de conférences, etc… Pour les plus curieux, des visites guidées sont organisées en partenariat avec l’Office du Tourisme de Roubaix.
Le château de la Fontaine : une allure médiévale et une architecture flamande
Après cette bien longue partie historique, faisons un petit point sur le côté architectural du château ainsi que sa décoration intérieure (Valérie Damidot serait-elle passée par là ?).
En arrivant sur place, tu remarqueras l’allure médiévale de l’édifice avec sa porte fortifiée. Cette porte et les meurtrières présentes sur la façade sont d’ailleurs les seuls signes mettant en avant le caractère défensif du lieu. Ne bénéficiant pas d’une position stratégique, le château ne fut jamais une forteresse. Il faisait plus acte d’intimidation et permettait à ses propriétaire d’affirmer leur statut social.
Des matériaux typiques ont été utilisés : façade en briques et en pierre de Lezennes (calcaire blanc extrait localement), soubassements en grès et toit en tuiles flamandes. On reconnaît bien une architecture de tradition flamande. Le château a été construit en “U” avec deux ailes légèrement dissymétriques. On retrouve aussi une “découpe en gradin” typique du Nord appelée “pignons à pan de moineau”. De plus, tu repéreras la tour octogonale, haute de 23 mètres, procurant un caractère pittoresque au château. Il est d’ailleurs possible que celle-ci ait eu un rôle de surveillance dans le passé. On observe aussi que la façade arrière est moins travaillée et comporte moins de décors maniéristes que la façade avant.
Pour ce qui est de la décoration intérieure, celle-ci a été confiée au célèbre décorateur de l’époque, Janssens (pas de Valérie Damidot donc…). Chaque chambre était alors décorée selon l’ambiance d’un pays.
Enfin de 2009 à 2011, une nouvelle campagne de rénovation extérieure est entreprise avec une mise aux normes du bâtiment et une modernisation du premier étage. Cette rénovation fut complexe notamment du fait que le site soit classé.
Le parc du château et son jardin en permaculture
Le château se situe dans un écrin de verdure entouré par le bois de Warwamme (ouvert au public) de 25 hectares. A ses débuts, le château était encerclé de prés et de terres cultivées.
Le parc du château, grand de 3 hectares, compte de nombreux arbres remarquables ayant pour certains près de 500 ans. Il a été dessiné par l’architecte-paysagiste Contal en 1920. L’If, Taxus Baccata est une des splendeurs du parc. Ce “jeune adolescent” de 450/500 ans a encore de belles années devant lui puisque son espérance de vie s’élève à 1500 ans.
On retrouve aussi un étang d’agrément donnant un côté charmant au parc. Celui-ci a été remis en eau par la famille Roussel (6ème famille du château). Un peu plus loin, tu tomberas nez à nez avec une réplique de la grotte de Lourdes (rien d’extraordinaire, il y en a 700 en France).
Depuis 2016, tu peux aussi y trouver les jardins de la Fontaine qui ont été créés par Alain Pitten. Le jardin est cultivé en permaculture, cette méthode vise à reproduire un écosystème et à créer des cultures autofertiles. Les récoltes des jardins sont ensuite vendues aux restaurateurs locaux ainsi qu’à la Ferme du Recueil à Villeneuve d’Ascq. De plus, Philippe Marcuz, apiculteur, a installé ses ruches dans le parc.
Allez, je te donne une petite anecdote croustillante pour finir en beauté. La légende veut que du temps des croisades, un chevalier aurait recouvré la vue grâce à l’eau de la source du parc. Certains habitants du coin venaient alors sonner à la porte pour demander de l’eau de la fontaine car ils la croyaient miraculeuse. Mais plot twist, la famille habitant dans le château leur donnait de la simple eau du robinet.
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