L’étonnante histoire de la villa Cavrois, véritable bijou d’architecture

Si tu ne connais pas la villa Cavrois, c’est un magnifique endroit juste à côté de Lille, que tu peux visiter et où il y a souvent des expositions. Aujourd’hui, on voulait te raconter l’histoire un peu particulière qui se cache derrière cette bâtisse emblématique de la métropole lilloise. Alors reste ici et la villa n’aura plus de secret pour toi… 🙂

Un château moderne, un QG militaire, une œuvre d’art totale…

La Villa Cavrois, c’est une œuvre gigantesque du côté de Croix, imaginée dans l’esprit d’un château au style avant-gardiste, par l’architecte et designer français Robert Mallet-Stevens.

Au départ, la villa a été construite pour accueillir une famille de riches industriels dans le textile, les Cavrois, constituée de Paul, Lucie et de leurs 7 enfants. Et il faut dire que le résultat de cette bâtisse est bluffant. Même si à l’époque on la qualifie plutôt de “ folie Cavrois ”, de “ paquebot ” ou de “ péril jaune ”. Elle est reconnaissable entre toutes grâce à ses briques jaunes et on salue encore aujourd’hui son style avant-gardiste, dans ses formes, ses matériaux ou encore son mobilier. Avec 830m² de terrasse et 5 hectares de parc à l’origine, c’est un magnifique bijou d’architecture qu’il faut visiter au moins une fois dans sa vie.

© Archives Villa Cavrois

C’est en 1932 que l’heureuse famille a emménagé dans la villa, fêtant par la même occasion le mariage de leur fille Geneviève. Et si tout allait bien dans le meilleur des mondes, c’était sans compter sur la Seconde Guerre mondiale, 7 ans plus tard, avec le combo Pétain, armistice et occupation de la France par l’armée allemande. 

© Archives Villa Cavrois (photo prise à l’occasion du mariage de Geneviève Cavrois)

Dans la précipitation, la famille Cavrois part se réfugier en Normandie et laisse derrière eux la villa, qui fut une très agréable surprise pour les soldats allemands lorsqu’ils arrivèrent dans le Nord de la France. Tu t’en doutes, eux ont choisi une décoration légèrement différente, car c’est simplement devenu… un de leurs QG militaires du Nord. Oui, oui, une grande caserne accueillant jusqu’à 200 militaires. À la libération, la villa est retrouvée détériorée et le miroir d’eau a été bétonné par les soldats allemands. 

La famille reviendra finalement s’y installer en 1947, pour y vivre son idylle promise. 

Mais suite au décès de Paul en 1965 et de Lucie en 1985, la villa sera vendue à un promoteur immobilier qui ne fera malheureusement pas le job. Elle est laissée à l’abandon, vandalisée, squattée et pillée, malgré son classement au titre des monuments historiques en 1990. Heureusement pour nous, elle sera rachetée par l’État en 2001 et restaurée à son état d’origine, ce qui fait qu’on a la chance de pouvoir la visiter aujourd’hui. 

© Archives Villa Cavrois

On ne se rend plus compte du tout, mais c’est incroyable de se dire que ça a été un gros QG allemand, avec des soldats partout. C’est important de connaître l’histoire du lieu quand on le visite et je trouve que ça rend l’expérience bien plus prenante.

Et POF ! Une exposition d’art contemporain pour réveiller ton imaginaire… 

Au fil des saisons les expositions s’enchaînent à la villa Cavrois, qui compte aujourd’hui parmi les hauts lieux culturels de la métropole. Jusqu’au 15 septembre, c’est l’artiste contemporain Fabrice Hyber qui investit la Villa Cavrois avec ses POF, dans l’exposition Humeurs. Les POF, c’est un concept tout droit sorti de la tête de cet artiste, reconnu comme l’un des plus inventif de sa génération, comme l’était Robert Mallet-Stevens à son époque.

POF ça signifie Prototypes d’Objets en Fonctionnement, c’est-à-dire des objets du quotidien réinventés, avec un nouvel usage et une nouvelle apparence, comme Le ballon carré (POF n°65). 

© Villa Cavrois

Ces objets insolites seront disséminés dans toutes les salles de la villa, tandis qu’une trentaine d’hommes et de femmes verts se tiendront debout au milieu du miroir d’eau, dans le jardin. Ces statues-fontaines, les hommes et femmes verts de Bessines, c’est une œuvre emblématique de l’artiste, qui fête ses 33 ans. 

« Ce vert, c’est celui des premières pousses printanières, c’est un condensé de la vie » - Fabrice Hyber
« Ce vert, c’est celui des premières pousses printanières, c’est un condensé de la vie » – Fabrice Hyber

L’artiste a aussi installé un potager moderne, là où se tenait le verger de la famille à l’époque. Un espace cultivé en permaculture avec des légumes, des fleurs, des herbes aromatiques… Pour une visite olfactive et colorée du jardin Cavrois. 

© Fabrice Hyber

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